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25 juil
Jean-Luc Raharimanana
Le Serpent à plumes, 2001 - (Fiction française)
Madagascar, novembre 1947 : tout le territoire de l’île-continent s’est soulevé pour en finir avec l’envahisseur. Ce livre n’est ni un document, ni une fresque historique. A l’instar des précédents titres de l’auteur, la langue de ce roman est celle du conte et du poème, où se mêlent les histoires de personnages d’époques différentes : anciens tirailleurs malgaches de la guerre de 39-45 dont Benja, frère de Nour et enfant d’esclave, un déserteur de l’armée coloniale bien avant la rébellion de 1947, le dernier habitant d’un village abandonné et qui seul connaît l’histoire des migrations du peuplement de l’île et quelques missionnaires français à travers leurs journaux de bord (1723 à 1836). Comme pour suggérer que l’histoire ne s’écrit jamais en solo, mais à plusieurs voix. La violence qui se dégage de ces récits de ces situations de guerre, atténuée par la teinte nostalgique de ce chant funêbre (la mort de Nour sur laquelle débute le livre) renforce un vague sentiment d’agressions subies mais inaudibles, intériorisées depuis longtemps et renvoyant à de multiples oppressions. Au-delà de ce chant dédiée à la grande île métissée dont les origines hors de l’île demeurent incertaines, ce livre est aussi un appel à la mémoire, l’Histoire contribuant à construire l’avenir. « Nous avons perdu notre passé et notre temps est ainsi écorché. Notre présent boitille, notre avenir dépérit…. ». L’Histoire s’enchevêtre dans un tissu complexe où le lecteur est invité à l’aborder sous d’autres points de vue à passer d’une époque à l’autre, tout en se laissant porter par un chant doux et violent.
VSR
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